Origine et histoire de l'ancien petit Séminaire
La chapelle des Carmélites, située rue du Périgord à Toulouse, est l'unique bâtiment du couvent qui a échappé à la destruction révolutionnaire ; elle a été classée au titre des monuments historiques par arrêté le 10 février 1909. Des religieuses carmélites réformées par sainte Thérèse d'Ávila arrivèrent à Toulouse en 1616 et purent s'installer dans leur couvent en 1625 ; elles venaient du couvent de Bordeaux et étaient placées sous la direction de mère Élisabeth des Anges. La première pierre de la chapelle fut posée le 1er juillet 1622 par le roi Louis XIII et son épouse Anne d'Autriche ; la construction, rendue possible par la générosité de Guillaume de Rességuier, fut conduite par l'architecte Didier Sansonnet et achevée en 1643. L'édifice, de plan rectangulaire, se compose d'une nef unique de quatre travées et d'un sanctuaire à pans coupés, éclairé par huit fenêtres hautes. Autrefois deux arcades mettaient l'église en communication avec le chœur des religieuses, une chapelle dédiée à saint Joseph et la sacristie ; l'arcade ouverte sur le chœur était munie d'une double grille et d'un rideau selon la règle du Carmel. Ces deux arcades ont été supprimées, le chœur des religieuses transformé en sacristie et la chapelle Saint-Joseph démolie ; deux petites portes latérales ont été percées au XIXe siècle. À l'extérieur, la façade pignon sud présente des assises alternées de briques et de pierres, une niche centrale surmontée d'un petit fronton arrondi à acrotères et, en partie haute, un fronton triangulaire ; un oculus ayant abrité une rose fut fermé au XVIIIe siècle lors de la réalisation de l'Apothéose de sainte Thérèse. La couverture intérieure associe un lambris de chêne en berceau surbaissé et des ogives supportées par des culots dont le dessin est attribué à Jean‑Pierre Rivalz ; les murs sont revêtus de boiseries et la voûte en bois s'inspire de la Renaissance. Le mobilier primitif a disparu ; il subsiste un dessin du retable avec, au revers, le marché signé le 9 mai 1662 entre le sculpteur Pierre Affre et la prieure du couvent, et en 1751 fut installé un maître-autel de marbre à la romaine avec tabernacle sculpté par Étienne Rossat. Le décor peint est l'élément le plus remarquable : Jean-Pierre Rivalz a réalisé des projets et des peintures antérieures dont certains dessins datés de 1676 subsistent, puis Jean‑Baptiste Despax a repris et enrichi la décoration entre 1737 et 1752, avec une interruption entre 1742 et 1746. Despax a peint, entre 1747 et 1751, un vaste cycle qui occupe plafond, contre‑façade et murs de la nef, reprenant les thèmes de l'ordre du Carmel — la filiation au prophète Élie et à Élisée, la dévotion à la Vierge et la glorification de sainte Thérèse — et réalisant l'Apothéose de sainte Thérèse au-dessus de la contre‑façade. Les murs et la contre‑façade comportent de nombreuses scènes bibliques et hagiographiques consacrées aux épisodes de la vie d'Élie et d'Élisée, à l'Incarnation et à la vie de la Vierge ; dans l'abside Despax a peint trois tableaux centrés sur l'Annonciation, l'Adoration des bergers et l'Adoration des mages, et la demi‑coupole porte une composition entourant un triangle lumineux représentant Dieu, peuplée de prophètes et de Justes de l'Ancien Testament tels qu'Abraham, Samson, Noé, Adam et Ève, Daniel, Job, Caïn et Abel, Salomon, Isaïe, Josué, Moïse, Jérémie et David. De part et d'autre des fenêtres hautes figurent des allégories des vertus théologales et contemplatives recommandées par l'Ordre ; Despax a repris la plupart de ces figures, tandis que les quatre plus proches de l'abside sont attribuées à Rivalz. Certaines toiles de Despax ont été copiées par Félix Saurines et placées dans la troisième travée, et deux dessus de portes dans la quatrième travée représentent des épisodes d'Élie. Après la Révolution, la chapelle fut occupée par la garde départementale ; les tableaux furent déposés au Muséum du Midi (Musée des Augustins) puis pour certains à la cathédrale. Entre 1807 et 1905 la chapelle devint celle du grand séminaire, période durant laquelle on réalisa les boiseries actuelles de l'abside et où l'Annonciation de Rivalz, ayant disparu, fut remplacée par un tableau de Despax exécuté en 1769 et agrandi. Les peintures ont fait l'objet de restaurations successives par Roques en 1817, Julia en 1837 et Bernard Bénezet en 1891. Après la séparation des Églises et de l'État, la chapelle abrita le musée de moulages de l'université ; revenue au ministère de la Culture, elle fut ouverte au public en 1975, fermée pour restauration après des actes de vandalisme en 1982 et rouverte à la visite en 1993. La propriété de la chapelle, anciennement de l'État, a été transférée à la commune par convention du 31 juillet 2007.